Comment faire face aux crises de colère? Cet article du blog apprendreaeduquer.fr l’explique.
Catherine Gueguen écrit dans son livre Pour une enfance heureuse :
« Comprendre les émotions de l’enfant, l’apaiser ne veut pas dire accéder à ses désirs lors de ses colères, lui donner tout ce qu’il veut. Comprendre l’enfant, c’est lui dire: « Je comprends que tu sois en colère contre moi car je ne veux pas te donner telle chose » ou « Je comprends que tu sois en colère contre toi car cela t’énerve de ne pas réussir telle chose. » Les parents confondent souvent comprendre l’enfant, savoir l’apaiser et être laxiste. Apaiser n’est pas céder ni autoriser à assouvir toutes ses envies. »
Comprendre et apaiser l’enfant lui donne un fort sentiment de sécurité affective : « Je peux toujours compter sur mes parents, même si je me sens mal, si je suis en colère. Ils ne me rejettent pas, ils comprennent ce que je ressens. »
Et c’est ce sentiment de sécurité affective qui donne de la confiance, de l’assurance, terreau fertile à l’autonomie et à une vie équilibrée. Pour Catherine Gueguen :
« Ce sentiment de sécurité affective est un socle pour grandir, construire peu à peu son identité, penser par soi-même et devenir responsable de soi. »
Au contraire, l’éducation par la peur, les menaces, le chantage, l’irrespect, la négation des émotions font perdre la confiance en soi et troublent la construction de l’identité. Empêcher l’expression des émotions négatives, des doutes, des angoisses, des colères entraîne un climat d’incompréhension.
Une partie importante de l’enfant n’est pas entendue quand il est envoyé se calmer dans sa chambre, quand ses émotions sont niées, quand on se moque de lui, quand tout ce qu’il reçoit est un « c’est pas grave » ou un « t’es pas beau/belle quand tu pleures », quand on refuse de chercher le besoin exprimé par son comportement, quand on préfère l’isolement/ la punition à un câlin.
Un enfant incompris se sent rejeté et éprouve de la colère. Catherine Gueguen écrit que l’enfant dont les besoins n’ont été ni compris ni respectés aura tendance à chercher refuge et compréhension ailleurs qu’auprès de ses parents en cas de questions ou de doutes à l’adolescence. C’est ainsi que les dialogue de sourds et les conflits détériorent le climat familial sur le long terme.
Vivre avec un tout-petit, à un âge où « être raisonnable » n’existe pas encore, peut être éprouvant et demande une patience renouvelée quotidiennement. L’enfant deviendra de plus en plus « raisonnable » avec le temps :
- vers 3/4 ans, il y aura encore de nombreux moments avec de fortes turbulences
- à partir de 5/6 ans, une phase plus stable émotionnellement se mettra en place
- 7 ans est considéré comme « l’âge de raison » bien que toutes les connexions neuronales des enfants soient loin d’être en place (le développement du cerveau et des connexions neuronales s’achève à 25 ans : les enfants et adolescents sont donc beaucoup plus sujets à des réactions irrationnelles que les adultes.)
Pourquoi l’enfant contrôle-t-il mal ses émotions ?
Les émotions non régulées par la raison dominent le cerveau de l’enfant. A 1 an, le néocortex (siège de l’intelligence humaine et de la régulation des émotions) est encore très immature. Le petit enfant est vite submergé par des véritables tempêtes émotionnelles et par des comportements impulsifs.
Bien qu’une grande partie du cerveau se forme au cours des cinq premières années de la vie, sa maturation se prolonge jusqu’à l’âge adulte.
« Tant que le cerveau n’a pas atteint sa pleine maturité, les processus de gestion des émotions et des affects ne sont pas totalement fonctionnels. Cela explique les difficultés que l’enfant peut avoir pour contrôler, maîtriser ses réactions émotionnelles ou affectives. » Catherine Gueguen
Connaître l’évolution du cerveau de l’enfant est essentiel pour comprendre qu’un enfant réagit spontanément, sans avoir la moindre capacité à prendre du recul ou comprendre ce qui lui arrive. Il ne peut pas contrôler ses émotions. Cela explique que le jeune enfant soit submergé par ses émotions et ses instincts primitifs d’où ses brusques colères, ses changements de comportement, ses larmes, son agitation.
C’est seulement avec la maturation des neurones du cortex préfrontal (siège du contrôle rationnel des émotions) que les comportements du type pleurs incontrôlés, irritabilité, agitation, colères, hurlements, jet d’objet, agression physique disparaissent.
Bonne nouvelle : consoler un enfant participe à la maturation de son cerveau
Rassurer, sécuriser et consoler un enfant en proie à une tempête émotionnelle
« Chaque fois qu’un adulte rassure, sécurise, console, câline l’enfant en le prenant dans les bras avec une attitude douce, chaleureuse, en prodiguant des gestes tendres, en adoptant un ton de voix calme, apaisant, en ayant un regard compréhensif, il aide l’enfant à faire face à ses émotions et à ses impulsions.
Un comportement parental affectueux a un impact positif considérable sur la maturation des lobes frontaux de l’enfant. Il parviendra alors plus rapidement à gérer les émotions envahissantes et les impulsions de son cerveau émotionnel. » Catherine Gueguen
Montrer l’exemple en termes de compréhension et de gestion de nos propres émotions
L’imitation est un autre facteur très important pour le développement. Les adultes sont des modèles pour les enfants. Donner de l’affection et de la compréhension favorisera ces compétences chez l’enfant.
Par ailleurs, montrer à l’enfant comment procéder en cas de contrariétés pourra lui montrer une voie pour lui-même. Par exemple, si nous perdons nos clés au moment de partir, verbaliser nos émotions, expliquer comment on se sent et dire ce qu’on fait pour gérer la situation sans s’énerver :
« Je ne trouve pas mes clés. C’est très embêtant car c’est l’heure de partir et j’ai peur d’être en retard. Je vais prendre 3 grandes respirations et je vais réfléchir : reprenons, je suis d’abord allée là, puis là. Elles sont peut-être ici. Tu veux bien m’aider à les chercher ? Tu les vois toi ? »
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Pour une enfance heureuse de Catherine Gueguen. Un livre qui démontre que l’éducation bienveillante est validée par les neurosciences, à mettre entre toutes les mains.